Emmanuelle Cabot
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J’ai UN enfant, pas « QU’UN »

Depuis que mister V s’approche dangereusement des 4 ans, les gens commencent à se demander si le « deuxième » : c’est foutu… Si, secrètement, nous essayons sans y arriver ou si nous avons l’idée farfelue d’en faire un « enfant unique ». Ce deuxième enfant qui existe déjà dans la tête des gens, ce deuxième enfant qui est sensé arriver, ce « deuxième » qui annonce peut-être un « troisième », en tous cas, cet « autre » est sensé venir parfaire le tableau comme s’il manquait quelqu’un, comme si nous étions « incomplets ».

Alors voilà, moi, je ne le ressens pas comme ça. Oui nous avons un enfant mais pas « qu’un ». Nous ne sommes pas pauvres d’enfants, nous ne sommes pas une moitié de famille. Nous sommes riches de lui, tellement riches d’amour qu’il n’y a de place pour personne d’autre, c’est tout.

J’entends d’ici la phrase qu’on m’a sortie 100 fois : «  oui mais l’amour ça se démultiplie !! ». Oui, certes, je veux bien y croire mais il y a une chose que je ne pourrais pas démultiplier : c’est le temps ! Le temps à consacrer à chacun pour que les besoins de chaque membre de ma famille soient comblés : mon fils, mon mari et ce nouveau temps que je peux à présent me consacrer.

A la naissance de Victor j’ai arrêté de travailler pour tout un tas de raison : le fait d’être seule la semaine quand Gaël était en déplacement y a participé mais l’a aussi favorisé, pour materner et allaiter aussi longtemps que possible en mettant un place un régime d’évictions strictes pour Victor qui a énormément souffert des multiples allergies (RGO sévère, eczéma +++) et du syndrome de Kiss diagnostiqué tardivement. Clairement on en a tous bavé (enfin surtout Victor!).

Je suis aussi restée à la maison par envie surtout, pour prendre le temps de respecter le rythme biologique de mon bébé, de le voir évoluer, l’accompagner au mieux dans son développement naturel et répondre à ses besoins. Comme je l’ai écrit dans mes précédents billets, j’ai adoré cela et je ne me vois pas faire autrement avec un bébé et je ne pourrais pas donner moins qu’à Victor, je ne le supporterais pas.

Victor va beaucoup mieux maintenant, il n’est pas scolarisé et a encore besoin qu’on s’occupe de lui avant que la super école dans laquelle il va aller ouvre ses portes (mais ça je vais en parler dans un autre billet) et surtout j’ai recommencé à travailler, progressivement depuis quelques mois et cela va s’intensifier et je le confesse : j’adore ça ! J’adore le job que j’occupe et occuperai à plein temps dans quelques temps. Victor sera ensuite plus âgé lorsqu’il ira dans cette école, mon absence ne se verra pas beaucoup puisque je travaillerai aussi en partie à la maison. Chacun de nous profitera de ce que le monde a à offrir avant de nous retrouver et (j’espère) je pense que cela se passera bien. J’adore le temps que je peux passer de nouveau avec mon mari aussi. J’ai l’impression d’avoir rajeuni et je crois que ça se voit sur ma tête aussi ^^.

En fait, la personne qui manquait à notre famille : c’était moi. Ce qui manquait à notre équilibre, ce qui manquait à mon équilibre. Il a manqué l’épouse disponible et la femme qui aime son travail, malgré nous. La faute à la société, la faute aux problèmes de santé, la faute à personne en fait. J’ai été mère à 400 % durant ce temps nécessaire mais révolu.

Je ne vais pas me lancer malgré moi pour faire un copain à mister V, au risque qu’en plus ils ne s’entendent pas ou simplement pour qu’il ne souffre pas d’être seul : on peut aussi souffrir d’être l’aîné, le benjamin, le cadet (…) bref rien n’est parfait !

En fait si nous donnions naissance encore à un enfant, nous ne serions pas « plus », je serais « en moins » et tous le monde en souffrirait. Chaque femme, chaque famille est différente, il y a des concessions que je suis prête à faire et d’autres pas.

Parfois je me dis, « ne jamais dire fontaine… » lorsque je vois de jolies photos de familles avec plusieurs enfants mais je pense ensuite au stress, aux cernes, aux nuits hachées dont on sort à peine, à la fameuse « charge mentale », à l’organisation, à la compétition des besoins et l’eau semble soudain avoir un goût amer…

Trop tard ou trop tôt pour ce « deuxième enfant » dont tout le monde me parle tant ? Je ne sais pas !

Je sais surtout que nous avons un enfant et que nous sommes une famille peut-être imparfaite mais heureuse et ça ,c’est le plus important !

Alors à bientôt et surtout

Écoutez-vous

Emmanuelle

J'accompagne les femmes pour qu'elles deviennent les mères dont leur enfant a besoin

12 Comments

  • Elodie

    J aurais pu écrire ce billet quand mon aînée avait 4 ans. Et puis quand elle en a eu 5, l envie d un numéro 2 s est imposée à moi, c était viscéral, il le manquait mon bébé, ce bébé dont je ne voulais pas un an avant, dont tout le monde m avait rabattu les oreilles pendant les années précédentes, et dont je disais aussi, non, non, je n aurais pas le temps, je n en ai pas l envie etc.

    Alors oui, ne dis pas  » fontaine… », parce qu’on ne sait jamais ce que la vie nous réserve ( la preuve j en suis à bébé 3 lol )

    Ce qui ne veut pas dire que tu changeras forcément d avis non plus. Un enfant c est déjà bien assez de travail, de projets et d amour <3

  • Floriane Huet

    Arf, ton billet m’interpelle… Moi, j’ai envie d’un 2e bébé… notamment parce que je commence à être vieille ! lol !

    Ça résonne en moi ^^ je suis vraiment partagée. Pourtant, je suis contente d’avoir des soeurs et je l’ai vu notamment au décès de mon père. On a beau avoir nos vies, le jour où ma mère mourra, je serai contente qu’il me reste mes soeurs. Mais c’est lié à l’histoire familiale aussi (ma mère a perdu ses parents très jeune pendant la guerre et heureusement aussi qu’elle avait son frère et ses soeurs – ils sont restés très proches).

    Honnêtement, je suis en pleine interrogation ! lol !
    En tout cas, je te comprends, vraiment ! J’ai peur aussi (malgré l’envie de ce 2e enfant) de ne pas avoir la force pour ça, d’imposer ça à ma fille (pourtant demandeuse, mais à 3,5 ans… sait-elle vraiment ?), de ne pas avoir assez de temps pour chacun…

    Merci pour ton partage !

  • Nathalie Ortiz

    Encore un bel article, merci 😊.
    Ici maman de 2 enfants de 6 mois et bientôt 3 ans. C’est très dur parfois. Ce 2ème bébé est arrivé un peu par surprise.
    Oui je manque de temps. Mais j’en manquais aussi avec « juste » ma fille. Et j’en manquais également quand j’étais mariée sans enfant. J’étais toujours débordée aussi quand j’étais célibataire et étudiante. On s’adapte à chaque étape de la vie. On renonce à certaines choses. Mais contre parfois plus de bonheur, plus d’amour, plus de rires. Bon oui beaucoup beaucoup BEAUCOUP plus de fatigue 😀. Mais mon coeur bat tellement fort quand ma fille prend soin de son petit frère. Quand elle le respire. Lui dit je t’aime. Et quand ils éclatent de rire ensemble.
    Materner des enfants aussi rapprochés, j’essaye de le faire au quotidien, nuit et jour. Ma « grande » est toujours allaitée et portée. Mes enfants semblent heureux, et moi aussi derrière mes cernes actuelles 😀.
    Attention donc aux « fontaine je ne… » 😀💖

  • mouleflex

    Je suis de celles qui veulent deux enfants mais je comprends totalement le fait de ne pas ressentir ce besoin. Quand je vois le temps que Gabriel me prend, je pense que je suis maso, je ne vois pas d’autre explication. 😂
    Chacun ses choix et le tien est tout aussi respectable que ceux qui ont 2, 3 ou 8 enfants. 😘

  • Lf

    Comme toi, avec seulement ma première je me sentais complète. Je rêvais d’une complicité en or entre nous une fois qu’elle deviendrait ado puis adulte, vraiment, un(e) deuxième ne me faisait pas rêver. Pour les même raisons que toi, le temps à trouver, l’amour à distribuer, la fatigue à ajouter…ça ne s’annonçait pas au top avec un 2eme. Mais, il y a un grand MAIS. A 4,5ans, ma deuxième est arrivée. J’ai complètement investi la première dans ma grossesse. Elle est venue avec moi aux échographies et sa 1ère réaction a été des larmes de joie en voyant sa petite soeur dans mon ventre. Là je le suis dit: il n’y a rien de plus beau. Elle était si fière d’avoir un bébé…après c’est vrai que maintenant que la 2ème a 2ans c’est un peu différent. Mais dès qu’elles jouent ensemble c’est magique. J’ai l’impression que si je disparaissais elles ne le verraient même pas tellement elles sont fusionnelles. Les disputes grandissent aussi mais sans altérer leur complicité malgré tout.
    Bref la fontaine peut vous mettre l’eau à la bouche…

  • Madameczar

    Joli message, je suis moi-même enfant unique, au grand désespoir de mes parents ce deuxième enfant n’est jamais arrivé pour compléter notre famille.
    J’ai souffert de ce manque mais justement car mes parents en souffraient. À ce jour je suis Maman de 3 enfants, je ne voulais pas reproduire mon enfance seule, je souhaitais au plus profond de moi avoir 3 enfants et celle qui souffre le plus de cette situation est notre cadette ni la grande, ni la petite c’est difficile de trouver sa place pour elle.
    Il n’y a pas de configuration idéale il y a la famille et c’est tout. Peu importe le nombre d’enfant, je nous sentais une famille même lorsque nous n’avions pas d’enfant à vrai dire !
    La vie est trop courte pour s’embarrasser de ce que pensent et veulent les autres, ce que souhaiteraient d’autres membres de la famille pour nous. Stop à l’avis des autres, pour être heureux soyons nous même et en accord avec nos envies 😊

  • J.

    Je te comprends tout a fait! Pour la petite histoire, je suis enfant unique (et tout va tres bien pour moi, oui oui ça existe 😉) et maintenant maman d’un petit garçon formidable qui sera probablement enfant unique lui aussi (du moins si cette satanée fontaine ne me prend pas par surprise, sait-on jms) . Pour couronner le tout, on est epanouie tous les 3 c’est fou qd même non?! 😂😚
    Je trouve dommage que dans notre société, faire le choix d’un enfant soit perçue de façon si négative…

  • anne

    Encore un magnifique article ! Comme tu le dis si bien l’important n’est pas le nombre de personnes qui compose une famille mais l’épanouissement de chacun et le bonheur collectif. Pour moi aussi il est indispensable de trouver le juste équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie privée (de femme, de compagne et de mère), mais je ne pense pas que cet équilibre dépende uniquement du nombre d’enfant…
    Pour ma part, j’ai commencé par être mère célibataire, je bossais à mi-temps et cette organisation m’épanouissait totalement (jusqu’au 3 ans de C-)Malheureusement pour des raisons financière j’ai du changé de boulot et travailler à plein temps : Horrible! Plus de temps pour moi et pas assez pour C…. Jusqu’à ce beau jour d’octobre 2007 où j’ai rencontré mon compagnon…Qui avait lui même 2 enfants d’une précédente union… Très vite nous sommes donc passé de 2 à 3, et même 5 un week-end sur deux! C. a trouvé (voir même choisit!) le papa qui lui manquait et même eu le grand-frère qu’il me réclamait!!! Moi j’ai pu passé à 75%… Et nous avons retrouvé notre équilibre et notre bonheur…
    Bébé 2 (enfin le 1 en commun, 2 pour moi, 3 pour mon compagnon et 4 en tout !!!) est arrivé assez vite dans notre histoire commune mais tout de même 6 ans après C… C’était le bon timing pour moi, pour nous… La première année avec T a certainement était l’une des plus riches de ma vie (2010)
    Et pourtant tout s’est déréglé un an plus tard sans qu’on puisse déterminé une Cause unique :
    – un déménagement dans une nouvelle maison nettement plus grande et qui demandait donc plus de temps d’entretien
    – le changement de statut pro de mon compagnon qui a pris sa propre affaire (les horaires et les soucis qui vont avec)
    – l’adolescence des 2 plus grands qui m’a beaucoup perturbée dans mon rôle de belle mère
    – ma situation professionnelle qui ne me convenait qu’à moitié…
    Nous avons beaucoup souffert pendant 3 ans, les 2 ainés de F. ne venaient plus nous voir, le petit T. souffrait, C. assumait beaucoup trop de chose pour son âge… jusqu’à ce que je fasse la grosse dépression qui nous oblige à dire stop et à tout remettre à plat…
    Aujourd’hui, nous sommes à nouveau en équilibre et heureux et pourtant un nouvel bébé a pointé le bout de son nez il y a 18 mois… S est né 6 ans presque jour pour jour après T., soit 12 ans après C….

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