Emmanuelle Cabot
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Avant, je n’avais pas envie d’allaiter ( si si, pour de vrai ! )

J’ai fait ce dessin pendant ma grossesse. Enceinte, j’avais l’impression de faire parti du domaine public. Le premier passant que je croisais était capable de me poser des questions super intrusives. Je te parle même pas de la nana que tu connais pas et qui se jette sur ton ventre pour « sentir quelque chose » (véridique, en allant chercher un colis à La Poste). Celle-là, tu as juste envie de la faire voler dans les airs. L’entourage, on en parle même pas sauf quand il te connait suffisamment pour se morde la langue par instinct de survie.

Ce qui m’énervais le plus, c’était la formulation « nourrir » comme si cela induisait le fait que, si je n’allaitais pas, il allait « mourriiiirr » et que je serais « mauvaaaaiiiise ». En fait, je n’avais aucune idée de ce dont j’avais envie. J’ai même culpabilisé en pensant que je ne la sentais pas plus que ça, cette histoire d’allaitement… Plus on me mettait la pression, plus je m’éloignais de mes propres sentiments qui se transformaient en rejet pur et simple.

La naissance de Victor, la peur que j’ai eu pour lui en accouchant à 7 mois et demi bref mon histoire a fait que, finalement, c’était une évidence. Cela aurait pu ne pas l’être. Victor est allergique à la caséine, une protéine que l’on retrouve dans tous les laits d’animaux et au soja (une allergie croisée au lait de vache). Même si je défends fermement la normalisation de l’allaitement complet (c’est à dire jusqu’au sevrage naturel), je n’ai aucune idée de la mère que j’aurais été, et de l’allaitement que nous aurions vécu, si le contexte avait été différent.

Voilà, j’avais juste envie de partager cela avec vous. Parce qu’il ne peut y avoir de discours injonctif sur ce point là non plus (rapport à l’article A toi, la femme de mai 68 ). Parce que je sais que certaines personnes réagissent lorsqu’on parle des vertus de l’allaitement, en criant à la culpabilisation des femmes. Alors là-dessus, je voudrais juste vous dire un truc : la femme est forte. La femme n’a pas besoin qu’on la protège d’une éventuelle culpabilité. Une femme qui a pris sa décision en conscience, avec toutes les informations, ne culpabilise pas. Celle par contre qui n’a pas pu vivre l’allaitement qu’elle souhaitait parce qu’elle a été mal informée, celle-là oui, culpabilise et pourtant on ne peut pas dire que c’est sa faute.

Quand on nous dit que manger équilibré, sans trop de gras, sucre, sel c’est bon pour la santé, personne ne s’indigne en criant à la culpabilisation du mangeur du chips. Bah l’allaitement maternel c’est pareil. Nous savons que c’est le lait le plus adapté aux bébés humains mais chaque mère fait comme elle veut/peut. Parce que c’est ce qu’il y a de pire pour une mère, qu’on lui dise quoi faire, dans un sens comme dans l’autre. Car non, elle n’appartient pas au domaine public, elle juste besoin de s’écouter et d’être écouté.

Et puis d’ailleurs, si l’allaitement maternel était de nouveau normalisé et bien, on en parlerait pas autant ! Et ça ce serait bien sympa pour tout le monde, non ?

Écoutons-nous

Emmanuelle

J'accompagne les femmes pour qu'elles deviennent les mères dont leur enfant a besoin

One Comment

  • merecredi

    Sans aucune connotation religieuse, j’ai juste envie d’écrire « Amen! »
    Je partage complètement votre point de vue et j’avais écrit un article également à ce sujet, sensiblement sur la même ligne (Non à la culpabilisation, Oui aux choix libres et éclairés. Et oui à la possibilité de changer d’avis, à n’importe quel stade…)

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