Emmanuelle Cabot
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Je suis devenu un « papa à l’ouest »

Je me souviens, quelques années avant la naissance de Victor , d’une pub à la télé (ça c’était avant, je ne regarde plus la télé…). On y voyait un « charmant garnement », rouler sur son tricycle dans un salon et rentrer de plein fouet dans un beau canapé blanc, le salissant au passage… La mère souriante appliquait alors un produit « miracle » et tout rentrait dans l’ordre. Je m’étais alors retourné vers ma femme et lui avais dit un truc du genre : « Comment je te l’aurais fait voler le môme! N’importe quoi ce laxisme de l’enfant roi, au prix du canapé ! » .

Je n’ai jamais pensé frapper un enfant, mais là j’aurais pas laissé passer sans rien dire ! C’était aussi une époque où je pensais des choses telles que : un bébé ça prend de la place, ça doit dormir dans son lit et faut pas que ça change trop mon petit confort…Plus vite il sera dans sa chambre, « fera NOS nuits », prendra le biberon et mangera ses petits pots, plus vite je retrouverais ma chérie et mes tétés ! Enfin les seins de ma femme et l’intimité qui va avec ! Eh ho, j’étais là avant lui ! Globalement, on semblait tacitement être sur la même longueur d’ondes avec ma moitié…

Attention, je pensais que l’allaitement était normal mais pour un temps, ensuite le bébé passait « naturellement » au biberon… j’ai toujours été contre la violence physique et verbale, tout en pensant que l’enfant a besoin de limite et qu’un peu d’autorité est nécessaire. Même la « petite fessée » me semblait « normale » et peu choquante, même si je n’ai pas le souvenir d’en avoir eu beaucoup… Bref, un enfant oui mais adapté à nos règles de vie de couples, nos impératifs professionnels et notre rythme d’adulte. Là mais pas trop encombrant !

Et puis il y a eu nos ressentis, une forme de dialogue bluffant entre Victor et moi. Ce n’était pas une petite chose inerte et résignée mais un individu qui avait assez confiance en moi pour me communiquer ses besoins. La lecture des livres d’Isabelle Fiollozat et l’éducation bienveillante, les notions de parentalité positive est passée par là, celui de Catherine Gueguen aussi et les dernières découvertes en neurosciences affectives et sociales sur le cerveau des enfants. Les travaux scientifiques de Maria Montessori, la communication non violente, les réunions de la Leche League, les préconisations de l’OMS sur l’allaitement d’au moins deux ans, les articles du magazine Grandir Autrement(…). Un tsunami balayant mes a priori.

Résultats des courses : à 3 ans notre fils tète toujours, n’a jamais été puni, frappé, on cododotte et c’est extra ! Pour nous hein ! Parce que vu de l’extérieur, on passe très souvent pour des extra terrestres, des hippies bobo arriérés qui sentent la sueur et le patchouli dans leurs toisons mal entretenues et qui ont rien compris à la vie ! La vraie ! Celle qui fait mal et où tu dois avoir mal pour réussir. Celle où un enfant c’est bien mais ton accomplissement professionnel et ta réussite se font forcément au détriment de son rythme et ses besoins, et c’est bien normal !

Petit désagrément, j’ai toujours pas récupéré mes tétés à 100% moi ! En même temps ça m’a fait comprendre qu’ils n’ont jamais été à moi… et surtout qu’avant d’être des « instruments » de séduction et de sexualité , ce sont les glandes nourricières naturelles de mon espèce. Le corps de ma femme n’appartient à personne, seulement à elle.

Je viens de me mettre a dos une bonne partie de la ligue occidentale des hétéros mâles pour qui la femme et ses attributs sont surtout là pour assouvir des penchants sexuels certes naturels mais antinomiques avec la grossesse, la maternité, les règles, donner le sein, la migraine et autres fantaisies de pseudo féministes cromagnonesques ! Réflexion purement personnelle : les enfants ayant vécu un allaitement long ont-ils, adultes , un regard différent envers la poitrine féminine ? Je serais curieux de le savoir…

Aujourd’hui, dans notre société, on attend de la femme qu’elle travaille à l’extérieur même quelques semaines après l’accouchement. Elle redevient aussi l’amante exclusive, le bébé chez la nounou, à la crèche puis à l’école,  à la maison c’est dans sa chambre. Faudrait pas qu’elle s’ attache trop au petit « monstre ». L’allaitement plus de deux-trois mois c’est bon pour les vaches, et on pourrait en discuter d’ailleurs de l’allaitement des veaux… du coup vive le lait industriel et les petits pots ! On est patriote ou pas ? Il faut soutenir notre agriculture ! En plus le lait de vache c’est bon pour la santé ! Si si, déjà après guerre ils le disaient quand ils distribuaient gratuitement du lait aux écoliers… Comment ? C’était pour soutenir la filière laitière et pas pour des raisons purement altruistes ? C’est vous qui l’avez dit…

Revenons à nos moutons, enfin à notre veau , à notre fils je veux dire !

Les deux premières années de son arrivée dans notre vie, je travaillais en déplacement. Je partais de la maison le dimanche soir ou le lundi matin très tôt et rentrais le vendredi après midi. J’étais peu présent physiquement pour ma femme et mon bébé pendant 5 jours. Le week-end, j’étais à fond ! J’avais un besoin de mon fils incroyable!  Lui aussi d’ailleurs! Du coup on jouait,  on allait se promener et surtout on faisait des siestes ensemble ! Moi sur le canapé avec Victor sur mon ventre… c’est là que j’ai compris ce qu’était l’ocytocine et combien l’amour paternel et le lien papa-bébé pouvait être énorme ! Petite remarque à ce sujet, j’ai eu la chance d’être présent pour l’accouchement, j’ai tout vu sans tourner de l’œil ! Si si ! Et comme ma femme s’était bien renseignée sur cette phase là aussi (Une grossesse (trop) 2 .0 ), nous avons demandé à ce que je pratique le peau à peau. Durant les soins de la maman après la naissance, on me l’a posé sur le torse nu et je l’ai entouré de mes bras… Rien que pour ce moment j’en referais bien un autre ou une !

Aujourd’hui, en pleine réorientation personnelle et professionnelle, je suis à la maison et j’ai donc tout le loisir de profiter de ma vie de papallaitant avec fierté. Victor est né prématuré et polyallergique. Aujourd’hui, je peux affirmer que l’allaitement maternel et la parentalité positive font de lui ce petit garçon équilibré et plein de vie en très bonne santé.


Vive l’allaitement non raccourci ! Vive le développement naturel ! Vive vous !


Écoutez-vous !

Gaël

 

 

J'accompagne les femmes pour qu'elles deviennent les mères dont leur enfant a besoin

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