Emmanuelle Cabot
La diversification menée par l'enfant permet l'autonomie
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La DME pratique et économique !

Quand on envisage le début de la diversification alimentaire, nous pensons le plus souvent à  l’achat ou la fabrication des, nous dit-on,  inévitables petits-pots à l’âge dit « officiel » de l’introduction des solides. Souvent ces réflexions sont suivies d’une vague d’angoisse de la part des parents inquiets de ne pas savoir quoi acheter, quoi cuisiner, ce que leur bébés va accepter ou non, des quantités nécessaires à sa croissance… Et si nous nous simplifions la  vie en faisant confiance à notre enfant ? Il existe une méthode économique et respectueuse de son développement naturel nommée :  diversification menée par l’enfant (DME) aussi appelée : diversification libre et autonome.

« Quand est-ce qu’il commence les petits-pots ? ». Quel parent n’a pas entendu cette phrase sortie de la bouche d’un proche ou même d’un inconnu au ton enthousiaste et le regard témoignant l’impatience de connaître la date de cette étape devenue si banale et attendue ? Assujettis malgré eux à cette exigence sociétale, sur fond de stratégie marketing bien ficelée, la mère et le père se mettent aussitôt à se poser mille et une questions. Quand et par quels petits-pots commencer la diversification ? A combien de mois ? Mélange carotte-pomme de terre, haricots-viande, poissons-riz, compote de fruits de saison ou fraises en hiver, plutôt bio, faits maison, industriels avec pesticides ?  Cuillère en plastique large ou plutôt fine ou cuillère du service de la maison ? Cuisson au bain marie ou micro-onde ? Achat ou non du robot spécial bébé qui mixe et réchauffe ? Et si on part en vacances on apporte quoi au juste, plusieurs pots de différents goûts pour qu’il réussisse à manger quelque chose ? Et s’il ne finit pas le petit pot, c’est grave ou pas ? Faut-il peser ce qu’il mange ? Quel budget mensuel à tout ça ?

 

Tirer un trait sur les contraintes

Les débuts de la diversification alimentaire donnent souvent le tournis aux jeunes parents et on les comprend ! Certains décident de tirer un trait sur toutes ces contraintes aux budgets faramineux grâce à la diversification  menée  par l’enfant dite DME.  Cette pratique, qui fait de plus en plus parler d’elle, contraste fortement avec ce que nous martèle la société depuis des décennies. La diversification menée par l’enfant, fait vraiment fi des conventions en matière d’introduction des aliments solides.

Point de petites cuillères bien remplies de compotes ou purées, industrielles ou faites maison, hypnotisant le bébé jusqu’à profiter de l’occasion d’une bouche à demi ouverte ou forçant le passage, tenue par un parent angoissé s’étant donné la mission de vider une assiette dont la portion a été précautionneusement mixée et pesée au préalable.

Non, avec la DME c’est une nouvelle aventure passionnante, détendue et économique pour les parents qui offre aux bébés la possibilité de s’alimenter de manière indépendante en toute simplicité. Car oui, notre bébé est capable de « mener » sa diversification, de prendre l’initiative de l’introduction des solides, de savoir quand il a envie d’y goûter, à son rythme et quoi manger exactement. Un élan vital qui répond à ses besoins naturels et les bénéfices sont nombreux. Ce n’est véritablement pas la faim qui pousse le bébé vers votre assiette mais bien la curiosité. Tout comme la marche, la parole ou encore le sommeil, la soif d’apprendre du bébé passe aussi par la nourriture, comme n’importe quel  apprentissage. Les apprentissages prennent du temps et la meilleure méthode pour l’enfant est bien l’imitation ! Ainsi la préparation du contexte propice à cet apprentissage est primordial. Un repas en famille, dans une ambiance zen, où l’on prend le temps est idéal.

 

Pas d’aliments mixés

Alors en quoi cela consiste concrètement ? C’est assez simple, il s’agit de  donner au bébé, qui en exprime le besoin (généralement entre 5 et 7 mois), des aliments solides qu’il portera lui même à sa bouche sans passer par la case « aliments mixés » à condition qu’il sache tenir son dos bien droit et soit capable de saisir un objet (le développement général du bébé associe la préhension des objets et la maturité digestive).

Un des signes qui ne trompe pas : quand votre bébé lorgne sur votre assiette ou s’agite quand vous passez à table ou encore quand il essaie d’attraper ce que vous avez en main, pas de doute il communique son envie de commencer cette nouvelle étape de son développement !  On peut donner de tout :  légumes, fruits, œufs, poissons, viandes (…) dès l’instant que l’aliment a la taille du poing de l’enfant afin qu’il puisse bien le saisir. Certains parents préfèrent quand à eux suivre le calendrier d’introduction des aliments plus classique, en donnant les aliments un par un afin de voir comment l’enfant y réagit. D’autres préparent des repas familiaux équilibrés, sains, pauvres en sel en laissent l’enfant piocher dans leurs assiettes. Certains tiennent leur enfant sur les genoux, d’autres les installent avec eux à table sur une chaise haute (si l’enfant peut être assis sans aide). Chaque famille peut pratiquer la DME à sa manière à condition que l’enfant ait le dos bien droit en position assise. Pourquoi ? Afin d’éviter tout risque de fausse route.

 

Les bébés savent faire seuls

Mais on peut se rassurer, les bébés savent faire seuls. Leur réflexe de régurgitation est très prononcé (et cela peut même être très impressionnant au début) et permet à l’aliment qui glisse vers la gorge, d’être expulsé rapidement (l’enfant qui a commencé une diversification classique voit son réflexe amoindri donc ne peut passer des aliments mixés à la DME).

L’idéal est de ne pas intervenir en laissant le bébé vivre son expérience en tout autonomie. Après plusieurs régurgitations il apprendra à manger de mieux en mieux, mâchera et avalera correctement. L’apprentissage de la mastication se fait ainsi naturellement et directement et non pas tardivement lorsque le parent décide qu’après des mois à avaler des purées il est temps de passer aux morceaux. Oui, il n’est pas nécessaire d’attendre que le bébé ait sorti suffisamment de dents pour avoir la capacité de mâcher. Il peut aisément écraser l’aliment à la force de ses gencives sur lesquelles on retrouve d’ailleurs des bougeons gustatifs, structures composées de cellules gustatives reliées à des nerfs sensitifs. Le sens du goût passe donc aussi par la mastication et non seulement par les papilles qui tapissent la langue et avec lesquelles les aliments mixés donnés à la cuillère sont d’ailleurs très peu en contact car très vite avalés.

Quand les  aliments sont mélangés dans une purée que l’on donne  (qui plus est rapidement, au bébé qui à souvent à peine le temps d’avaler qu’une autre cuillère s’offre à lui) l’enfant n’a clairement aucun idée de ce qu’il mange, donc de ce qu’il aime spécifiquement. En tenant l’aliment ( cuisse de poulet, courgette, banane…) dans la main, il peut l’apprivoiser par la vue, le toucher, l’odorat et développer sa motricité fine. La DME permet de faire appel à tous les sens qui sont d’une grande importance dans les perceptions gustatives. Des activités gratuites qui plus est !

Le parent doit parfois s’armer de patience au début devant la lenteur du processus et le « patouillage » qui transforme le repas en terrain de jeu au regard d’un adulte qui ne saisit pas toujours de prime abord ce qui se joue sous ses yeux. Il  regarde son enfant toucher l’aliment et développer sa motricité, exercer sa coordination main-oeil en le portant à sa bouche, le goûter, le recracher, retenter l’expérience, le pétrir puis souvent le jeter… Car oui avec la DME  mieux vaut ne pas être maniaque ! Petite astuce, beaucoup de parents optent pour une toile cirée sous l’enfant histoire de ne pas avoir à laver le sol plusieurs fois par jour.

De la découverte à la nutrition réelle

Ce n’est qu’au fur et à mesure des semaines que le bébé se nourrira vraiment des aliments. Rappelons que jusqu’à la fin de sa première année environ, les apport caloriques du bébé proviennent majoritairement du lait maternel ( aux trois quarts). Une donnée rassurante qui permet aux parents de se détendre sur les quantités données et ingérées par leurs bébés qui se développent à leurs propres rythmes. Cette détente et ce lâcher-prise des parents concernant le poids de leurs enfants est possible grâce à l’allaitement et vécu le plus souvent comme une libération  (en privilégiant une tétée avant le repas).  Serein, le parent regarde son enfant à table :  il mange « tant mieux », il ne mange pas »tant pis », le parent dans son accompagnement et sa neutralité évite au bébé d’associer « ingestion de la nourriture et plaisir fait aux parents » et donc de mettre en lien alimentation et émotions parasites.

Idéale pour les bébés allaités

Parce que oui, cette méthode est plus adaptée au bébés allaités qui sont déjà habitués à prendre le contrôle de leur alimentation (en indiquant quand ils ont faim, en prenant ensuite eux-mêmes le sein de leur mère en bouche et arrêtant de téter quand ils sont repus). Autre avantage avec lequel part le bébé allaité  :  épices, goûts lui sont déjà familiers à travers le lait maternel. Mais son principal atout est surtout la force de sa mâchoire, plus musclée que celle des bébés nourris aux biberons (dû à la différence de succion) facilitant la mastication que nous avons évoquée ci-dessus. Pour autant, même si les bébés allaités bénéficient de ces facilités, les bébés nourris aux biberons ne sont pas exclus de la méthode. Ils nécessitent juste un peu plus d’attention car si le bébé allaité régule de lui même ses apports caloriques en alternant tétées et aliments solides, il convient d’adapter la dose de préparation commerciale donnée  au biberon afin de ne pas induire de surpoids chez le bébé.

 

Une expérience simple et positive

Grâce à la DME la diversification alimentaire devient non plus une expérience anxiogène et onéreuse mais une aventure positive vécue ensemble de façon libre et naturelle.  L’enfant respecté dans son apprentissage pourra maîtriser la sensation de satiété ce qui permettra une réduction significative des risques de troubles du comportement alimentaire. Et les parents, aux portes-monnaies allégés, déchargés tant physiquement que psychologiquement, peuvent continuer de vivre leur parentalité en toute sérénité. La DME c’est la liberté !

 

Emmanuelle Cabot

 

Article publié dans le Hors série « LE DIY du Maternage » du magazine Grandir Autrement

 

Pour aller plus loin :

http://www.diversificationalimentaire.com/

 

http://bougribouillons.fr/dme-diversification-menee-par-lenfant/

 

 

 

J'accompagne les femmes pour qu'elles deviennent les mères dont leur enfant a besoin

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