Emmanuelle Cabot
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Une grossesse (trop) 2 .0 

Aujourd’hui je vais vous parler de ma grossesse et de ma poursuite effrénée d’informations sur le sujet, presque maladivement. Le dessin qui illustre ce billet, je l’ai exécuté avant la naissance de Victor, quand j’ai commencé à me rendre compte de la tournure psychotique qu’elle prenait.

Durant ma grossesse, Gaël, le papa, travaillait en grand déplacement et ne revenait que le week-end. Je me suis donc retrouvée seule le soir puis toute la journée avec mes questions et surtout l’obsession que tout ce qui pouvait être de mon ressort devait être maîtrisé pour que « TOUT » soit PARFAIT !

Et vers quoi se tourne une femme enceinte, seule et anxieuse ? Internet pardi !

Si j’ai pu croire qu’il était mon meilleur ami, fenêtre ouverte sur le monde, plus exactement sur les « experts » de la grossesse et des bébés, il s’est révélé être un ennemi fourbe et pervers. Car quand tu ne sais pas ce que tu cherches et que tu tapes des mots clés généraux, tu tombes : sur des réponses générales. Google te propose ses premières pages, bien maîtrisées par « l’opinion générale » et où plane surtout l’ombre du marketing du monde magique de la puériculture.

Internet, était devenu essentiel pour moi. J’ai trouvé des réponses concernant :

  • la salmonelle et la toxoplasmose durant la grossesse
  • l’acide folique pour limiter les risques de spina-bifida
  • les médicaments à prendre ou pas
  • les perturbateurs endocriniens contenus dans les produits de beauté
  • les risques dépistés pour le bébé (ou pas)
  • quel gynécologue trouver pour avoir une mini échographie tous les mois (rapport que j’avais peur d’avoir la surprise à la naissance d’accoucher d’un bébé avec la tête d’E.T. Super courant.).
  • quelles tétines et biberons étaient moins dangereux avec cette histoire de bisphénol A et si les contenants étaient moins nocifs en verre qu’en plastique ( bah oui, comme tout le monde, après les trois mois correspondant au congé maternité en France, j’arrêterais d’allaiter, rapport qu’on est pas des vaches nanméo !)
  • sans oublier le meilleur chauffe biberon de la terre qui fait aussi stérilisateur
  • quel lit à barreaux acheter avec un écart suffisant entre chaque pour que le futur bébé ne se coince pas une jambe ou pire la tête entre les interstices (bah oui quoi ils disent ça à la télé ! )
  • quel matelas prendre pour éviter les risques de mort subite du nourrisson (MSN), que je différenciais bien des morts inattendues du nourrisson (MIN), ce qui induisait de fait que le premier cas serait de ma faute (pas trop mou pour que le bébé qui aurait le malheur de se retourner s’étouffe, pas trop neuf pour ne pas respirer le produits toxiques qu’il dégage donc un peu bio et un peu cher)
  • quel babyphone acheter aussi (bah oui quoi, il va dormir seul entre quatre murs comme on fait depuis à peine 50 ans, on va pas se laisser emmerder nanméo !) mais en choisir un qui, quand même, ne soit pas trop nuisible au niveau des ondes (rapport qu’on veut pas qu’il ait une tumeur au cerveau parce qu’on veut pas qu’il reste à côté de nous)
  • une poussette top jolie, légère et pratique et je me serais damnée pour la poussette S… à 1000 euros qui à l’avantage d’être assez haute pour que le bébé (qui a la chance d’arriver dans ce monde si parfait hein) ne soit pas au niveau des pots d’échappements (rapport qu’on est pas en Afrique et que je vais quand même pas me tuer le dos à le porter tout le temps hein)
  • je passe les superbes tables à langer, le transat, le parc, baignoire (sur pied s’il vous plaît, rapport au dos), les peluches
  • les couches que j’ai essayé de trouver les moins toxiques et plus écologiques possibles
  • le siège auto qui devait résister à tous les crash tests du monde (mais ça c’est bien la seule recherche que je ne regrette pas ! Merci au site Sécurange et le travail de dingue fait par des bénévoles au passage)
  • les turbulettes chaudes, mais pas trop, vu qu’un bébé régule mal sa température (rapport que la majorité des cas de mort subite du nourrisson ont pour cause l’hyperthermie  parce que oui, j’oubliais de dire que j’avais réussi à dénicher des thèses de doctorats sur le sujets, statistiques à l’appui, si si).

Non sinon, ma grossesse n’était pas anxiogène du tout…

A côté de ça, j’ai savouré chaque moment, j’ai ADORÉ être enceinte alors que j’en avais pourtant une trouille bleue.

Mais il m’a manqué quelque chose de terriblement important. Quelque chose que les dix premières pages de Google ne m’ont pas apporté. Quelque chose que personne autour de moi ne m’avait dit. Quelque chose que seul Victor, en venant au monde plus tôt que prévu, il y a trois ans, m’a fait comprendre au premier regard : le plus important était mon instinct.

Tout le reste, n’était qu’un ramassis de conneries.

Ce dont notre fils avait le plus besoin, c’était de moi, sa mère. La notice c’était lui qui l’avait et je pouvais la lire.

A l’échelle de l’humanité, cela ne fait pas si longtemps qu’on dit aux mères qu’elles ne savent rien, qu’elles sont dépendantes d’objet destinés à les remplacer, qu’elles sont elles-mêmes remplaçables, qu’elles ne sont pas capables d’accoucher seules aussi.

C’est même MAL parfois au regard de certains de vouloir répondre aux besoins du petit être qu’on a mis au monde. Heureusement, super papa était là pour me soutenir.

Finalement, je suis devenue la mère dont avait besoin Victor et j’ai materné comme je le sentais.

Nous vivons un allaitement complet et pense que nous allons vivre un sevrage naturel.

Victor n’a jamais eu un biberon de sa vie, j’ai revendu le chauffe biberon.

Il a fait ses siestes en écharpe avec moi ou sur le ventre de son père. La nuit nous avons dormi en famille (encore vrai une partie de la nuit) et le petit lit a été recyclé en mini canapé et seul l’option « lumière tamisée » du babyphone a servi.

J’ai découvert la motricité libre et me suis retrouvée avec un transat et un parc sur les bras.

On a pratiqué la diversification menée par l’enfant et je n’ai jamais acheté de petits pots.

J’ai investi dans des couches lavables mais pratiquais à mi-temps l’hygiène naturelle infantile (oui j’avoue j’avais la flemme de faire cela tout le temps), Victor a été propre de jour comme de nuit à 21 mois. Je me suis retrouvée avec des tonnes de couches sur les bras (j’achetais en gros sur internet). La grosse poussette n’a pas été amortie, mais j’avoue avoir eu une jolie collection d’écharpes de portage, porte-bébés physiologiques et Mei-Tai. Victor était aussi haut que dans une poussette à 1000 euros mais bien lové au chaud contre ma peau à l’odeur rassurante.

En fait, la seule chose que j’aurais aimé avoir durant ma grossesse était la seule chose qui n’avait pas de prix : UNE CONFIANCE AVEUGLE EN MON INSTINCT DE MÈRE, EN MA CAPACITÉ A ÊTRE MÈRE. J’aurais été moins vulnérable au marketing et « conseils » que l’entourage me donnait sans que je ne demande rien le plus souvent (je pense que les mères qui me lisent savent de quoi je parle !).

Quelque temps après la naissance, je suis devenue celle dont je me moquais auparavant. Si j’avais su, j’aurais économisé des centaines d’euros et surtout, j’aurais été plus rapidement aussi heureuse que je le suis à présent. Avec moins mais tellement plus…

Écoutez-vous !

A très bientôt

Emmanuelle

J'accompagne les femmes pour qu'elles deviennent les mères dont leur enfant a besoin

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