Emmanuelle Cabot
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Vivre avec des allergies alimentaires sans éviction de…joie !

Lorsqu’un enfant souffre d’allergie et/ou d’intolérance alimentaire, le rapport à la nourriture change. L’enfant sait qu’il peut souffrir, voir mourir à cause de quelque chose qu’il a mangé. Lors des repas de famille, ou d’un goûter d’anniversaire, les évictions d’aliments peuvent aussi être un facteur d’exclusion. Les parents doivent souvent se creuser la tête pour redonner le sourire à leurs enfants et cuisiner avec eux, dans la joie, des recettes alternatives qui leur fassent plaisir sans les mettre en danger. Parfois, c’est toute la famille qui doit repenser son rapport à la nourriture et opérer un énorme virage, un rééquilibrage alimentaire pour le bien de l’enfant mais aussi parfois de toute la famille.

 

De l’eczéma, aux problèmes digestif, au choc anaphylactique, les allergies et intolérances alimentaires sont toujours à prendre au sérieux. Il ne s’agit jamais « juste » d’un bouton, juste d’une toux, juste d’une diarrhée…

La qualité de vie et santé globale de l’enfant en sont profondément affectées.  Les évictions alimentaires, avant une potentielle réintroduction progressive des aliments, sont, en première intention, la seule chose à faire.

Ces évictions sont d’autant plus difficiles lorsque l’enfant a déjà goûté et aimé des aliments qu’il devra plus tard bannir un temps de son alimentation. Généralement, les allergies alimentaires (identifiées via le dosage d’IGE spécifiques dans le sang)  chez les enfants  concernent les produits laitiers, les œufs et l’arachide. Les allergies croisées (par exemple au lait : la viande de veau, le soja, ou le poulet dans le cas de l’allergie à l’œuf) complexifient aussi la donne.

A la place (voir en plus), des intolérances alimentaires peuvent aussi être détectées (IGG ou IGE dans le sang) : gluten, tomates, orange, petit-pois, poivron, cacao, vanille…autant d’aliments auxquels le corps peut réagir. Dans cas de la maladie cœliaque (intolérance au Gluten au risque létal) c’est le taux sérique d’IGA qui sera étudié.

Dans un premier temps, c’est le parent qui bien souvent se sent désarmé et se demande comment nourrir son enfant mais aussi comment le protéger des « autres » ( entourage, école, amis, famille…), comment faire en sorte qu’il n’en souffre pas socialement et ne développe pas de troubles alimentaires.

 

Une charge émotionnelle forte des aliments

En fait, à bien y réfléchir, généralement, les aliments dont certains enfants doivent se passer sont des aliments à charge émotionnelle forte dans notre société mais leur absence n’a pas d’incidence sur la santé.  L’allergie aux produits laitiers, la plus commune, semble souvent la plus insurmontable.

Et c’est vrai,  du lait, il y en a partout : dans la nourriture industrielle et dans produits transformés tels que charcuterie, pâte à tartiner, gâteaux industriels, soupes industrielles, pizza, quiche lorraine industrielles, crème glacée, raviolis en conserve…ainsi qu’une suite d’aliment comportant aussi la présence de caséine ( protéine présente dans les laits d’animaux à la différence du lactose qui est le sucre du lait) semble toujours improbable comme, par exemple, dans certains vinaigres vendus en grande surface.

Ce sont généralement des aliments plaisirs dont le chasseur-cueilleur n’a jamais entendu parler. Autant d’aliments très sucrés, gras, salés, vides de nutriment, ce qui est communément appelé la « junk-food » en somme. Le problème est que, dans notre société française, la croyance disant que nous ne pouvons vivre sans lait de vache, fromages et charcuterie est tenace.  D’un point de vue santé, il n’y a aucune incidence physique sur la santé de l’enfant de se passer de ces aliments (la calcium se trouve aussi dans les légumes, amandes (…) sans oublier le lait maternel), elle est parfois émotionnelle surtout quand ces aliments sont très consommés au sein de la famille.

Ajoutez-y une éviction de gluten (et donc de pain et de croissant, pâte à pizza, gâteaux…) et cette condamnation semble insoutenable et cruelle aux yeux des français que nous sommes. C’est à y regretter de ne pas être né en Asie !

 

Un sevrage familiale

Parfois, les parents ou les frères et sœurs ont du mal à être solidaires même malgré eux, par addiction physique ou émotionnelle à un aliment et l’allergie alimentaire peut être génératrice de tension au sein de la famille ce qui peut aussi ajouter de la culpabilité à l’enfant allergique. Il s’agit vraiment de sevrage pour la famille et est parfois vécu très violemment.

Pour soutenir l’enfant, la famille doit souvent opérer un rééquilibrage alimentaire et repenser son rapport à la nourriture.  Et puis, en cuisinant de nouveau, découvrant de nouvelles recettes et de nouveaux aliments c’est aussi parfois toute la famille qui y gagne en santé et vitalité retrouvée en mangeant moins gras, sucré , salé via des plats « tout préparé ».

 

Guide de survie destiné aux parents d’enfants allergiques :

Sur les réseaux sociaux, Facebook notamment, des groupes se sont créés tenus par des parents d’enfants souffrant d’allergies alimentaires. Ces communauté sont souvent d’un grand secours pour y trouver du soutien, des idées de recettes alternatives à celles plus traditionnelles, trouver un professionnel de santé bienveillants avec les enfants, échanger des trucs et astuces en cas de crises, vider son sac après un repas de famille horrible à vivre…

Les livres qui prônent tel ou tel régime «en vogue » sont parfois des mines d’or pour les parents d’enfants allergiques. Des recettes sans gluten ? Il est possible de s’inspirer du régime Paléo ou Cétogène ! Des recettes sans lait de vache ou œuf ? Les livres de recettes Vegan ou inspiré du régime du Docteur Ségnalet regorgent de recette non moins gourmandes. Des tas de recettes se trouvent bien entendu sur Internet.

Une fois bien armé, il est ainsi possible d’imaginer sortir de chez soi. Un goûter d’anniversaire ? L’astuce tient souvent à appeler ceux qui reçoivent pour prévenir des allergies et apporter son propre gâteau. Les hôtes sont ainsi moins stressés et n’oublieront pas d’inviter l’enfant malade l’année prochaine et le parent est rassuré, son enfant n’est pas en danger !

Car parfois, malgré leurs bonnes intentions, même les proches informés d’une allergie, au lait de vache par exemple, sont aussi capable de soutenir qu’il n’y a pas de lait dans le gâteau mais simplement du beurre…

 

Guide de survies destiné aux enfants allergiques :

 

Premièrement, participer à l’élaboration des plats et comprendre à quoi servent les aliments et connaître leur substitut peuvent vraiment donner à l’enfant l’impression de ne pas subir la situation et de devenir vraiment acteur de sa santé.

Cuisiner ensemble et apprendre les bases d’une alimentation saine et reprendre plaisir à manger en toute sécurité dédramatise la situation et aide à comprendre que certains aliments ont une importance surtout culturelle et affective.

Jouer à trouver des menus issus d’autres cultures qui ne comportent pas les allergènes les plus répandus comme cuisiner des recettes mexicaines, chinoises, japonaises, indonésiennes, marocaines, réunionnaises (…) permet non seulement de varier les plaisirs mais aussi de faire rendre compte à l’enfant qu’il n’est pas seul sur terre à ne pas manger certains aliments.  Lorsque l’occasion le permet ou une envie subite d’un ancien plat fait surface, il est possible malgré tout de la cuisiner avec des substituts.

Nous l’avons compris, lorsqu’il est question d’allergies, qui plus est chez l’enfant, rien ne peut être laissé au hasard mais avec de l’information, la prise de nouvelles habitudes et surtout l’anticipation en amont des situations rien n’empêchera les famille de savourer la vie.

Emmanuelle Cabot

Pour aller plus loin : Desserts et fêtes magiques pour enfants allergiques Patricia Barreau-You aux éditions Jouvence

La cuisine joyeuse des enfants allergiques, Patricia Barreau-You aux éditions Jouvence

Cuisiner gourmand sans gluten sans lait sans œufs,Valérie Cupillard aux éditions Prat.

 

 

 

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